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#Atelier574 – Bernard Lassus

Le programme Linky vise à équiper 35 millions de foyers français en compteurs connectés. Pourquoi l’utilisation des données est-elle importante dans le secteur de l’énergie ? Comment gère-t-on un projet d’ampleur comme celui-ci ? Dans cette conférence au 574 de Saint-Denis, Bernard Lassus répond à ces questions et donne les clefs pour assurer le succès d’une telle mission.

Publié le

Par La Redaction

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Qui ?

Bernard Lassus, directeur du programme Linky d’Enedis, les nouveaux compteurs EDF qui permettent de suivre sa consommation. Entré chez EDF Distribution Paris en 1977, il a ensuite contribué à la construction et au démarrage de centrales nucléaires à Dampierre, Chinon et Belleville, jusqu’en 1983.

Où ?

Au 574, le siège parisien de SNCF Digital situé à Saint-Denis (93), soit à environ 7 978 kilomètres du Laboratoire national de l’Idaho aux États-Unis, où a été construite en 1951 la première centrale nucléaire à avoir produit de l’électricité.

Quand ?

Mercredi 27 juin 2018, soit 64 ans jour pour jour après la création de l’ORTF (Office de Radiodiffusion Télévision Française), ayant pour mission la tutelle de la radiodiffusion et de la télévision publique, la gestion des émetteurs et de la production audiovisuelle nationales et régionales.

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Grandes idées

1 - Spécificités du projet Linky et données-clé

Ce projet concerne 35 millions de foyers français, soit l’ensemble de la population française. Il se heurte à la psycho-sociologie et à la sociologie française d’aujourd’hui. « Quand on propose du digital, ce n’est pas évident que tout le monde nous attende les bras grands ouverts », explique Bernard Lassus.

Pour mener à bien un tel projet, il faut créer une autoroute de l’information. On installe d’abord un compteur qui envoie et reçoit ensuite des informations d’un concentrateur (70 compteurs par concentrateur environ). Les données sont enfin partagées avec un système central par GPRS.

Chiffres-clé :

– Il y a 35 millions d’objets connectés (90% de compteurs) à mettre en place sur 6 ans.

– Ces compteurs délivreront environ 3 milliards de données par jour.

– Le programme devrait coûter au total environ 4,1 milliards d’euros.

– 6 usines ont été construites pour produire 700 000 compteurs par mois, pour permettre une installation de 30 000 compteurs par jour.

– Environ 10 000 emplois ont ainsi été créés.

– Aujourd’hui, 12 millions de compteurs ont déjà été installés et 1 milliard de données sont collectées chaque jour.

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2 - Pourquoi avons-nous besoin des objets connectés et pourquoi, dans le monde de l’énergie, la donnée est-elle essentielle aujourd’hui et le sera-t-elle demain?

Les données sont essentielles dans le monde de l’énergie pour assurer une expérience client fiable et efficace. Aujourd’hui, il n’y a aucun capteur sur le réseau. Si un particulier a une coupure de courant, il doit appeler son fournisseur pour le prévenir. L’idée, en mettant en place des compteurs intelligents est, par exemple, d’utiliser ces données pour pouvoir diminuer les temps de coupure, afin de réparer la panne avant même que le client ne s’en aperçoive.

Les données permettent également de faciliter la précision de la facturation, ou encore de réguler sa propre consommation d’électricité.

Les fournisseurs d’énergie ont pour objectif de connaître notre profil de consommation pour pouvoir adapter l’offre à nos besoins, mais également optimiser le sourcing d’énergie. En termes d’agrégation des achats de l’énergie, ils ont donc besoin de la data pour pouvoir cibler ce sourcing.

Les données seront également au cœur des villes de demain, les Smart city, et indispensables à la création des éco-quartiers ou quartiers à énergie positive. « Par exemple, à Lyon, où on a fini le déploiement des compteurs intelligents, il y a des quartiers comme Confluences qui ont une approche novatrice sur l’intégration des énergies renouvelables, la gestion des immeubles… ». Pour mener à bien ce type de projets, il faut des données et un traitement précis de ces mêmes données.

Autre problème dans les villes : l’objectif est de créer 7 millions de bornes de recharge électrique, ce qui implique de disposer de données pour savoir où les mettre et comment les réguler, chaque borne de recharge rapide correspondant à la consommation d’un immeuble entier.

« Concernant l’éclairage public, nous sommes actuellement face à un gâchis monstrueux ». Là encore, il faut des données pour pouvoir réguler, savoir où et quand éclairer.

3 - Quelles sont les spécificités et les risques d’un tel programme ?

– Il est impossible de piloter une telle chaîne humainement. Il faut donc utiliser l’intelligence artificielle. « Nous avons mis au point des algorithmes qui apprennent au fur et à mesure à gérer les 9 millions d’événements qu’il y a par jour. Nous avons un centre à Lyon où 80 personnes font l’hypervision du service et mettent au point ces algorithmes. »

– Les compteurs doivent durer 20 ans. 200 tests sont donc effectués sur les parties mécaniques et 2 000 sur les parties software, afin de prévenir le moindre défaut.

– Ils doivent également tous être interopérables, pour que tous les acteurs du marché puissent les utiliser.

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Punchlines

– « Quand on propose du digital, ce n’est pas évident que tout le monde nous attende avec les bras grands ouverts. »

– « On fait partie d’une des plus grandes nations en termes d’objets connectés, on vend ce savoir-faire dans le monde entier, en Inde, en Arabie Saoudite, etc. »

– « En 2021, il y aura 1,5 milliard de compteurs connectés dans le monde. »

– « On constate un vrai problème : celui des fake news, car elles vont six fois plus vite qu’un fait observable. On est dans le monde de la croyance, on n’est plus dans le monde de l’observation des faits, et ça, ça devient de plus en plus compliqué. »

– « Il faut prévoir avec des « data scientists » tous les scénarios qui peuvent nous tomber dessus. »

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